Joseph Ramanakamonjy
13 octobre 2014 - PortfolioNo Comment   //   7349 Views   //   N°: 57

Un précurseur malgache

Une icône de l’art pictural malgache. C’est ce que beaucoup de peintres et d’historiens d’art malgaches s’accorde à dire au sujet de Joseph Ramanakamonjy, disparu il y a tout juste trente ans. Il est l’un des principaux fondateurs de l’art mimétique malgache.

Hemerson ​Andrianetrazafy

C’est l’un des plus grands peintres de toute l’histoire de Madagascar.

Même si dans la grande Ile, le nom de Joseph Ramanakamonjy (1897-1984) n’évoque rien pour le grand public, ce peintre malgache connut une grande notoriété en Europe, notamment en France où il fut nommé Chevalier de la Légion d’honneur. 

​La peinture malgache n’était pas encore très connue à l’époque, mais lui et quelques condisciples comme Gaston Rakotovao ou Ratovo Henri, firent en sorte qu’elle le devint, notamment par de grandes expositions à Paris, Marseille ou Vincennes.  Lui-même parvint à se distinguer en créant un mouvement pictural complètement inédit : l’art mimétique malgache.

Issu d’une famille de la haute bourgeoisie de l’Imerina, Joseph Ramanakamonjy eut la chance de pouvoir suivre des cours d’art plastique au Palais. 

A dix ans, il exécute  des portraits et des paysages qui font l’admiration de ses  maîtres,  aussi bien dans l’aquarelle que la peinture à l’huile. « Je l’ai connu dans les années soixante-dix alors que je préparais ma maîtrise. J’ai tout de suite vu qu’il était un coloriste délicat, d’un talent exceptionnel », se souvient l’historien d’art Hemerson Andrianetrazafy.

Malgré la reconnaissance des milieux de l’art français, Joseph Ramanakamonjy n’est pas satisfait. Il veut se forger une identité totalement malgache et c’est en ce sens qu’il pose les bases de l’art mimétique malgache. Une démarche inspirée de l’art figuratif européen consistant à exalter ce qu’il y a d’indissociablement malgache dans ce que l’artiste représente. Zébus dans les rizières, convois de charrettes, laboureurs aux champs, femmes repiquant le riz, toutes ces scènes de genre devenues classiques aujourd’hui émanent en fait  de Joseph Ramanakamonjy. Une « peinture patriotique », estime Hemerson Andrianetrazafy, au sens le plus engagé qu’avait ce terme à l’époque de la colonisation.

Malheureusement, on ne trouve plus ses œuvres que dans les collections privées. Sa famille elle-même n’a pu en garder qu’une demi-douzaine. « On en trouve de temps en temps dans les ventes aux enchères en ligne. Et je peux dire qu’elles ont de la valeur, car il a toujours sa cote sur le marché international de l’art», souligne Hemerson Andrianetrazafy. Le problème est que Madagascar n’a pas de musées et que la plus grande partie de la production picturale  se retrouve à l’étranger. C’est dire que la commémoration en octobre de ce peintre d’exception est à ne pas manquer, car ce sera l’occasion de voire enfin ses oeuvres au grand jour.

Sanguine datée de 1934 de Joseph RAMANAKAMONJY

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