Jean Rolland Rakotomandimby : La langue de boa, il connaît !
16 janvier 2018 - MétiersNo Comment   //   3156 Views   //   N°: 96

Depuis une quinzaine d’années, il est là à faire dresser les poils des spectateurs. Car Jean Rolland Rakotomandimby est un magicien de rue, dompteur de serpents par surcroît, toujours prêt à défier les lois de la physique pour en mettre plein les yeux. Quand au clou du spectacle, il est digne d’un fakir !

Chaque week-end, dès 6 h 30, une foule se réunit en cercle du côté des arcades d’Analakely. Les uns sont juste venus en curieux, d’autres sont des habitués qui n’aiment rien temps que frémir aux tours que les magiciens de rue. Jean Rolland Rakotomandimby, la quarantaine, en est un. Son dada ? Les serpents ! « C’est héréditaire, mon grand-père était éleveur de serpents. Avant, ils me terrifiaient mais depuis quinze ans, ils sont devenus ma passion. » Orphelin à 10 ans, Jean Rolland a dû quitter l’école en 7e pour se prendre en charge, pas le choix. « J’ai travaillé quelques années comme chauffeur pour un particulier mais je n’aimais pas la façon dont il me traitait. J’ai tout quitté du jour au lendemain, après un drôle de rêve où je me voyais faire plein de tour de magie. Comme ça au feeling ! » Et en autodidacte, bien sûr !

Jean Rolland prend ses serpents dans les champs, les lave et les dresse. Parmi ses tours les plus horrifiques, trois serpents d’un coup dans le nez pour les faire ressortir par la bouche. Et le clou de son numéro (normal pour un fakir), faire fumer une cigarette à son boa. « Je sais que cela paraît fou, mais j’ai une énorme complicité avec mes serpents. Je prends soin d’eux, je les considère comme mes compagnons de spectacle, et ils me le rendent. » Toujours un peu dans l’extrême, il aime plier en deux des barres de fer 14 avec son cou ou encore se faire marcher dessus alors qu’il est couché sur un lit de clous. « J’aime défier les lois de la physique dont seuls les magiciens ont le secret », confie-t-il en roulant les yeux. Aujourd’hui, il a avalé et recraché du feu. « On prend du coton imbibé de pétrole. On l’allume et on avale. » Enfin, n’essayez pas ça chez vous !

Sa scène bouge selon les horaires, mais toujours dans le périmètre Anosy-Andravoahangy et Analakely le week-end. « Je me produis de 6 h 30 à 17 heures, avec un seul jour repos le lundi. C’est un travail qui paye plutôt bien, jusqu’à 20 000 ariary par jour, et c’est toujours mieux que de mendier sur le trottoir. » Jean Rolland Rakotomandimby est souvent appelé pour se produire dans des anniversaires d’enfants ou encore lors de foires. Sa dernière prestation remonte justement à la foire de Noël à Sambava en décembre dernier. Et aujourd’hui, il est même sollicité par des Mauriciens et des Réunionnais pour des représentations à l’étranger. « Malheureusement, il est très difficile pour moi de préparer les papiers pour l’autorisation de sortie de mes serpents du territoire. C’est pourtant tout ce que je souhaite, mon rêve d’artiste : la scène internationale. » Apparemment, il ne suffit pas de dire abracadabra pour se transporter à l’étranger, même pour un magicien.

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