Jah Roots : Beau comme du Bob
4 septembre 2018 - CulturesNo Comment   //   1254 Views   //   N°: 104

Depuis 2013, Jasiel Jedidi et Lantoharifetra Christophe font vibrer les cordes de leurs guitares au rythme du bon vieux reggae roots de papa. Nageant à contre-courant de la soupe electro-pop, le duo prône le retour aux sources en puisant dans ce que la Jamaïque a de mieux à offrir en matière de musique, sur fond de textes engagés. Jah Bless !

Les apparences sont peut-être trompeuses mais pas dans le cas de Jasiel Jedidi, auteur, chanteur et compositeur du groupe Jah Roots. Sous ses faux-airs de Damian Marley, qui oserait encore douter de son penchant pour le reggae ? Il l’a une fois de plus prouvé avec son binôme, Lantoharifetra Christophe, en se produisant sur la scène du Hay Reggae Day organisé par le collectif Voots Kongregation à Mahajanga en juillet dernier. S’accompagnant uniquement à la guitare, le duo a bercé l’audience au son du reggae roots, un sous-genre du reggae né dans les années 1970 en Jamaïque et dérivé du ska, du rocksteady et du early reggae, tout en portant les valeurs du mouvement rastafari.

C’est sur une note empreinte de mélancolie que Jah Roots, en fier représentant du mouvement, délivre un message d’amour, de paix et d’unité qui lui tient à cœur. Mais pas que, car si Jasiel a monté ce groupe, c’est surtout pour dénoncer les injustices dont sont victimes ses compatriotes. Raison pour laquelle cet ex-rappeur a troqué ses chaînes bling-bling et ses baggy pour des dreadlocks et une guitare : « Le reggae m’a permis de toucher une audience plus large, chose que je ne pouvais pas faire avec le rap. Cela peut paraître cliché mais je suis tombé amoureux du reggae en écoutant Bob Marley et en voyant le nombre de vie qu’il a marqué avec sa musique. »

Jasiel croit dur comme fer qu’en plus d’adoucir les mœurs, la musique peut aussi « éveiller les consciences ». C’est pour cela qu’il a décidé de fonder Jah Roots en 2011. Evoluant seul à ses débuts, il est rejoint en 2013 par Christophe qui l’accompagne à la guitare basse. A eux deux, ils retranscrivent en chanson les maux dont souffrent la société malgache.

« Nous ne voulons pas que nos compatriotes s’apitoient sur leur sort et se complaisent dans la misère. Nous voulons qu’ils continuent à se battre », d’où leur single Mandroso (Avancer) dans lequel ils chantent : « Fiainana eto Dago mihamijaly mihamijaly. Ny olona mijaly, tsy misy mihinan-kanina […] Mila mandroso isika gasy. Mizora amin’ny tsara dia ny tsara no hiverina aminao » (La vie à Dago devient de plus en plus dure. Les gens souffrent et ne mangent pas […] Chers compatriotes, nous devons avancer. Faites le bien et le bien vous reviendra).

Bataillant pour se faire une place sur la scène musicale malgache, « pervertie par le système du matraquage où l’argent l’emporte sur le talent », Jah Roots s’est tout de même fait un nom auprès des amateurs de reggae. Actuellement, le groupe travaille sur son premier album qui sortira avant la fin de l’année sur les plates-formes de streaming musical. Ils ne savent pas encore s’il s’appellera Mila Revolution (Besoin de révolution) ou Androany (Aujourd’hui). Et vous, pour quel titre opteriez-vous ?

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