Indiam : Chante ma valiha
9 janvier 2013 - Déco Vita gasyNo Comment   //   2308 Views   //   N°: 36

Dans le périmètre Analakely – Ambohijatovo, Indiam et ses fils sont réputés pour fabriquer les meilleures valiha du marché, cet instrument à cordes typiquement malgache. Du 100 % fait main avec juste du bambou, une flamme de chalumeau, un burin à graver et beaucoup, beaucoup d’oreille…

Quand on commence à parler valiha avec Indiam et ses fils, la réaction est toujours la même : « Vous voulez dire chromatique ou diatonique à 10, 12, 16 ou 24 cordes ? » Bref, d’authentiques spécialistes de cet instrument traditionnel, proche parent de la cithare, que l’on joue depuis des siècles dans tout Madagascar. Dans leur atelier d’Ankasina de 12 mètres carrés, une dizaine de luthiers s’exécutent au rythme de deux valihas fabriquées par jour. Trois personnes par instrument en moyenne. La première est changée de sélectionner les bambous et de les couper aux bonnes dimensions (de 60 à 130 cm de long) ; la deuxième traite le bambou à la flamme pour lui donner sa couleur et sa dureté ; la troisième enfin dessine les motifs sur la tige cylindrique et assure la pose et le réglage des cordes.

Ses origines sont indéniablement indonésiennes. Les motifs, très stylisés, représentent le quotidien des Malgaches dans les zones rurales. Il est rare

qu’on n’y voie0 pas le roi Andrianampoinimerina (début XIXe siècle), des rizières, des zébus, l’aloalo (le poteau funéraire du Grand Sud) et les maisons traditionnelles des Hautes Terres. Rakotoarisoa, le fils aîné, grave les motifs au burin directement sur le bambou, sans croquis préalable.

« Comme le marché n’est pas très développé, nous sommes obligés de faire d’autres travaux pour vivre », confie Randriana, le fils cadet. Pour l’heure, la famille se restreint aux petites rues touristiques d’Analakely et d’Ambohijatovo pour vendre ses modèles. Faute de moyens et de relations, elle n’écoule pas sa production dans les provinces et encore moins à l’étranger. « Si un partenaire se présentait pour vendre nos valihas à l’extérieur, nous ne dirions pas non », soupire Indiam, convaincu de l’exceptionnelle facture de ses instruments. La preuve, les trois quarts de ses clients sont des vazaha ou des Malgaches aisés qui ne transigent pas avec la qualité. « En général, ils achètent une valiha, non pour jouer dessus, mais pour la décoration. Avoir cet instrument dans sa salle de séjour est comme avoir un piano dans son salon en Europe. C’est la preuve d’un certain standing. »

Randriana ne sait pas lire une partition, mais il a l’oreille musicale. Avec lui, pas besoin d’accordeur électronique chromatique (ce petit appareil servant à régler de façon précise les instruments à cordes), il lui suffit de jouer Afindrafindrao en promenant ses mains sur la valiha pour l’accorder parfaitement. « Autrefois les cordes étaient réalisées en fibres d’écorce de bambou, mais aujourd’hui on se sert plutôt de cordes en acier qui donnent un beau son de cithare », explique-t-il. C’est bien la seule concession qui soit faite à la modernité !

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