Andy Rasoloharivony
6 avril 2025 // Photographie // 4995 vues // Nc : 183

La photo en couverture de ce no comment® est sans-titre et inédite. Pour cause, elle fait partie d’une série qui est encore en développement : « Tropisme ». Bien que non prémédité, ce projet qui s’est imposé à Andy Rasoloharivony en parallèle de son voyage vers le village des Mikea porte déjà une intention : faire une analogie entre ces plantes et les humains. Ce fait illustre l’approche du jeune photographe : des photos et des vidéos instinctives, ancrées dans le vécu, mais dont la spontanéité est transcendée en idée(s) par un regard d’artiste.

Quelle est la ligne directrice dans votre travail ?
En réfléchissant sur tout ce que j’ai fait depuis cinq ou six ans, je me rends compte qu’un fil conducteur ressort et revient souvent. J’aime montrer ce qui se passe à Madagascar, de manière frontale. Je parle souvent de la nature humaine, où je remets en question nos valeurs, nos acquis, etc. J’essaie de déconstruire un peu ce qui est déjà établi. Je parle des faits de société.

La statue dorée

Par exemple, le lien entre les expositions « L’urgence de la foi » et « Et ils gravèrent le sable », c’est qu’elles remettent en question les conséquences de ce que nous, humains, avons fait à la Terre, sur un système déjà établi. J’ai l’impression qu’on ne regarde pas là où on devait regarder, et qu’on fait mine de ne pas voir les choses autour de nous.

Comment naît l’idée de prendre une photo ou une vidéo ?
Le mode d’emploi c’est de prendre son appareil photo et de le garder sur soi. Et quand il y a quelque chose qui m’intéresse, je n’hésite pas, je prends des photos ou des vidéos. C’est totalement intuitif, je suis presque arrivé à cette conclusion. Dans le sens où j’arrive sur un territoire, j’explore, je regarde, j’observe, je discute, j’interagis avec des choses qui m’intéressent plus ou moins, c’est seulement après que je me rends compte que ce que j’ai pris est intéressant. Je pense que tout réside dans l’intensité de ce que je vis. Si je trouve qu’un nouveau lieu est intéressant, je pense à faire des photos ou des vidéos, tout part du ressenti. C’est pour ça que je parle d’explorer les choses de manière empirique, c’est de cette façon que j’affection un lieu.

Comment l’idée se voit-elle sur l’œuvre ?
Jusqu’à maintenant, je ne sais pas si j’ai une esthétique qui m’est propre. J’expérimente beaucoup en amont pour savoir si une photo ressort mieux en couleur ou en noir et blanc. C’est intuitif quand j’édite une photo, je fais confiance à mon ressenti, je la regarde, j’édite, je me dis que c’est terminé, je reviens dessus, j’expérimente d’une autre manière pour savoir si ça sort mieux avec telle ou telle couleur. Néanmoins, à un moment donné il faut s’arrêter, car c’est un jeu interminable. Par exemple, pendant la préparation de « Et ils gravèrent le sable », il y a eu beaucoup de photos de feu.

Cage humaine

En jouant sur le noir et blanc et la couleur, on voit que certaines lignes ou marques du visage ressortent mieux. La chaleur disparaît en noir et blanc, mais ça fait ressortir un côté dramatique. Il y a certains jeux où la chaleur réchauffe alors que l’expression du visage est totalement contradictoire, je trouve la contradiction intéressante.

Donc, qu’est-ce qu’une photo réussie ?
J’aime bien les choses dramatiques, qui font ressortir une certaine mélancolie. Je n’aime pas trop mettre des spectres sur les émotions, mais c’est dans ce voisinage-là. Il y a beaucoup d’étonnement aussi, j’aime bien la surprise. Pour moi, la surprise se trouve dans les choses réelles qui sont très bien ajustées dans son élément, que ce soit dans la composition, le montage, les détails, l’editing ou dans la façon dont on raconte une chose : mettre les choses réelles là où elles devraient être, de manière très précise. Ce sont des choses qu’on ne voit pas en fait, et c’est à moi de montrer ces choses-là dans un appareil photo, de manière précise pour interpeller les gens.

Les projets à venir ?
En ce moment je travaille beaucoup la vidéo, car je prépare deux courts métrages — voire plus —, et un moyen métrage. J’étais surtout réalisateur et photographe, et maintenant je suis plus artiste. Donc, ça va être complètement différent, avec un film plus poétique.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Instagram : Andy Rasoloharivony

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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