Haminiaina Ratovoarivony : « Les Malgaches ont la mémoire courte ! »
7 août 2017 - Que sont-ils devenus ?No Comment   //   2561 Views   //   N°: 91

Nous avons fait l’interview du réalisateur Haminiaina Ratovoarivony en 2013 dans le no comment® numéro 38. Son film Malagasy Mankany qu’on peut traduire par « Malgaches en développement » avait été projeté lors de la 21e édition du Pan African Film Festival de Los Angeles. Depuis, il vit à Chicago aux États-Unis où il gère sa société de production Colorful Films.

« J’ai fait du cinéma à la fois ma passion et mon gagne-pain ici à Chicago », confie Haminiaina Ratovoarivony. Sa boîte Colorful Films a produit le court métrage Antananarivo tiako ianao (Antananarivo que j’aime, 15 mn) en janvier 2017. « Ce film parle de la fusillade du 7 février 2009 devant le palais d’Ambotsirohitra. Le caméraman qui a été tué aurait pu être moi. Cela m’a beaucoup inspiré. » Considérant le cinéma comme un devoir de mémoire, il souhaite montrer à travers son film l’absurdité de ce genre de manifestation. « A chaque grève : 1972, 1991, 2007, 2009, cela finit en bain de sang. Après ces événements tragiques, les politiciens prônent une amnistie généralisée et le peuple tourne la page comme si de rien n’était, en attendant bien sûr la suivante. Les Malgaches ont la mémoire courte ! »

Antananarivo tiako ianao a commencé son marathon de festival au Fespaco à Ouagadougou en mars, aux Rencontres du film court à Antananarivo en avril, au Festicab au Burundi en mai, au Mada tout court à Nantes en juillet, au World Film Festival à Amsterdam en août et bientôt au Festival au-delà de l’Europe à Cologne en Septembre. Il faut dire qu’Haminiaina Ratovoarivony vient de loin. Son premier long métrage de 93 mn Malagasy Mankany avait été produit avec les moyens du bord. « J’ai toujours été convaincu qu’il est possible de produire avec nos moyens. Un cinéma affranchi des soutiens financiers classiques mais qui est capable de toucher l’international, c’est le défi à relever. »

Tout a commencé sur les bancs de l’Université. Ayant fait des études en sociologie sur le campus d’Ambohitsaina, c’est en observant la société malgache qu’il s’est orienté vers des études de cinéma. Son côté engagé l’a amené à produire des films qui traitent de la réalité et du vécu à Madagascar.

« Loin de produire des films bobos à l’eau de rose, mon objectif serait plutôt de provoquer des émotions et de susciter une réflexion comme celle d’arrêter d’être des pigeons, pourquoi pas ? » Toujours dans cet esprit critique, il prépare un long métrage Madagasikara tanindrazanay (Madagascar, ma patrie) et deux courts-métrages : Razana (Ancêtre) tourné à Madagascar et Sister Christer tourné aux États-Unis. Décidément, le cinéaste est en train de vivre son propre film Malagasy Mankany, un Malgache qui cartonne !

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