Géraldine Ramahalison
15 novembre 2014 - Cousins-cousinesNo Comment   //   3513 Views   //   N°: 58

Cousins/cousines: Terrains sensibles

Géraldine Ramahalison n’a jamais pu s’enfermer dans un bureau. Ses terrains de prédilection, les quartiers sensibles et l’océan infesté de requins. Autant de combats qu’elle mène au quotidien.

Le sens de la relation humaine, la capacité d’adaptation, l’art de comprendre l’autre et ses problèmes sans le juger. Ces compétences, Géraldine Ramahalison les a construites tout au long de son parcours professionnel dans les quartiers de Tana ou de Saint-Denis de La Réunion. Si son frère, Jocelyn, a pris la voie des affaires à Tana, Géraldine est restée proche du secteur de l’éducation, comme maman, qui s’occupe de la petite école l’Age tendre  à Tana. Mais il n’était pas question de rester enfermé dans une classe, Géraldine a donc choisi la rue.

Elle quitte Tana pour La Réunion à l’âge de 10 ans, sans papa qui n’est pas autorisé à sortir du territoire malgache, malgré son mariage avec une Française. Elle va grandir au cœur du quartier du Chaudron à Saint-Denis, connu pour ses émeutes violentes qui ont fait son histoire. Le quartier a été construit spécifiquement pour en finir avec les bidonvilles et reloger toute une population.  Elle commence par être animatrice radio dans ce quartier, jusqu’au jour où elle doit remplacer l’animateur de la rubrique nécrologie : fou rire pendant toute la rubrique…

Géraldine passe son diplôme d’éducatrice spécialisée pour agir au cœur du Chaudron. Elle va ensuite décider de revenir sur les traces de son passé et s’installe pendant deux ans à Tana. Là, elle travaille pour l’association humanitaire  ZazaHaly, en prise directe encore une fois avec la rue. Encore un choc, le choléra fait des ravages et Géraldine va même jusqu’à enlever des cadavres entre Anosy et les 67 Hectares. Habituée aux terrains sensibles, quand son fils se met au surf à La Réunion, elle se jette à l’eau. Malgré le danger des requins, elle continue à surfer, guidée par sa devise « vas où tu veux, meurs où tu dois ». Mais pour chaque immersion en terrain miné, Géraldine a conscience des risques réels et adopte des attitudes mesurées. Tempérament bien trempé, mère et fils vont également devenir champions de fleuret de La Réunion. Géraldine ne regrette qu‘une chose, que « le social n’existe pas à Madagascar ». Contre vents et marées, elle continue à être une combattante des inégalités.

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