Geneviève Marot, tribulations de carnets
3 décembre 2015 - CulturesNo Comment   //   3536 Views   //   N°: 71

La voyageuse Geneviève Marot a noué des liens très privilégiés avec Madagascar, et avec les musiciens de la Grande Île. Cette illustratrice diplômée est à l’origine du collectif des Carnettistes Tribulants qui ont pour ambition d’amener « un regard décalé et inattendu sur le carnet de voyage ». Le carnet se révèle tout à la fois support de réflexion et aidemémoire du quotidien, dans un rapport au temps densifié par la durée du dessin. 

Depuis six ans donc, elle revient sur l’île. D’abord pour suivre les tournées du Ny Malagasy Orkestra trois années de suite, pour qui elle réalise affiches et pochettes de CD, puis à l’invitation des Jardins de lumière (Ranohira) pour un carnet sur leur site, et enfin à l’invitation d’Aéropartage qui lui propose de réaliser des fresques avec des écoliers malgaches dans les écoles soutenues par cette association.

Dès qu’elle se trouve à Madagascar, Geneviève Marot multiplie les occasions de rencontres, et elle a ainsi animé plusieurs ateliers, pour une fresque et une BD, à l’Alliance française d’Antananarivo (AFT). Les bannières réalisées lors de ces ateliers sont d’ailleurs toujours visibles dans le hall d’accueil.

En octobre dernier est parue la BD Sous le tamarinier de Betioky dont les 25 premières planches avaient été exposées lors de son passage à l’AFT en 2013. Au départ, un carnet intime et touchant, sur l’histoire de Jean Piso, enfant du Sud malgache, qui deviendra accordéoniste au sein du Ny Malagasy Orkestra.

Né à Betioky, Jean est né en état de mort apparente, et il est confié aux anciens pour retourner aux limbes. Mais en chemin, la vie se réveille et s’exprime sous la forme d’un miaulement, qui lui vaut depuis lors son surnom de piso (chat). Une relation privilégiée va se créer avec cet homme et sa famille puisqu’elle est même devenue marraine de sa fille. Un musicien qui marquera Geneviève Marot, qui deviendra son guide au pays, et à travers qui elle raconte le quotidien du village ainsi que les anecdotes recueillies au fil de son compagnonnage avec la troupe.

L’album qui sort est publié par les éditions La boîte à bulles dans la collection Hors champ : un éditeur spécialisé de BD qui avait déjà publié des ouvrages des Carnettistes Tribulants, et qui a, lui aussi, un attachement à l’île.

Les planches sortent enfin de l’atelier de Geneviève après deux années de travail, et la dernière particulièrement intensive. Une façon de restituer une part de ce que Madagascar lui a apporté, la bande dessinée lui apparaissant comme la forme la plus adaptée pour toucher les jeunes malgaches.

Geneviève Marot viendra présenter son travail à l’Institut français de Madagascar en début d’année 2016. Et elle annonce déjà son envie de monter une forme de concert dessiné itinérant, avec la collaboration de Jean Piso. Nous aurons plaisir à recroiser sa route.

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