Gare à toi, mon poussin !
4 juin 2015 - Fanahy gasyNo Comment   //   1612 Views   //   N°: 65

« Natao ho hitsikitsika ivavahana kanjo papango nipaoka ny zanakakoho », littéralement : « on croyait que c’était une crécerelle, mais c’est un faucon qui rafla le poussin. » Autrement dit, l’habit ne fait pas le moine, même s’il n’est pas facile de loin de différencier la gentille crécerelle du méchant faucon… 

Rappelez-vous qu’on a déjà traité ici de la fameuse « danse de la crécerelle ». Mais dans ce nouveau dicton, les Ntaolo gasy (Anciens) veulent nous communiquer un autre message inspiré de ce rapace de la taille d’un pigeon qu’apparemment ils affectionnaient. Sans doute à cause de son charmant plumage rayé, mais aussi du fait qu’il a toujours entretenu avec les Hommes des rapports de bon voisinage. En tout état de cause, ce n’est pas la petite crécerelle malgache (Falco Newtoni) qu’on verrait dévaster les jeunes pousses de la rizière ou les fruits des vergers ! De fait, elle préfère chasser les reptiles et les rats, ou à défaut certains insectes des champs… Bref, elle est très utile à l’Homme qui, en remerciement, évite de la chasser.

Ce n’est pas comme cet effronté de faucon – son cousin du genre Falco – avec lequel on peut parfois la confondre, bien qu’il soit de taille beaucoup plus imposante. Voici, par exemple, le redoutable faucon pèlerin (Falco peregrinus) qui plane au-dessus de la basse-cour, prêt à fondre sur le malheureux poussin. Personne pour s’interposer ? D’un coup d’aile, il arrive à la vitesse de l’éclair et emporte le malheureux volatile entre ses serres. A noter que le faucon pèlerin est l’oiseau le plus rapide du monde avec des descentes en piqué à plus de 300 km/h. C’est injuste, c’est trop injuste ! Le pauvre Calimero a pour une fois une bonne raison de se plaindre, car une fois arrivé dans le repaire du rapace – on dit son lardoir –, il sera becqueté jusqu’à la dernière touffe de duvet.

Autre chose encore qui distingue le méchant faucon de la gentille crécerelle : cette dernière est libre comme le vent, plus occupée à vocaliser qu’à semer la terreur autour d’elle. A la différence de son gros cousin pèlerin qui se laisse assez facilement domestiquer, n’hésitant pas à se mettre au service de l’Homme pour chasser le petit gibier à plume, ce que l’on appelle la fauconnerie. Bref, entre la crécerelle et le faucon pèlerin, le coeur des Ntaolo n’a jamais vraiment balancé. D’où cette expression qui signifie simplement que le plumage ne fait pas la crécerelle, pas plus que l’habit ne fait le moine. Alors ouvrez l’oeil, les poussins ! 

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