Fl@h : Devoir de mémoire
15 février 2012 - MédiasNo Comment   //   1564 Views   //   N°: 25

Seule association de l’océan Indien spécialisée dans le sauvetage d’archives, Fl@h vient de restaure un bon millier d’heures de documents audiovisuels datant pour la plupart des années 1950. Une initiative qui lui a valu de recevoir un important prix international.

Près de 1 400 bobines de films, représentant 600 heures d’images en formats 16 et 35 mm, sont actuellement restaurées, regroupées et numérisées par l’association Fl@h (Fanajariana Lova ho an’ny Haino aman-jery), sise à l’auditorium d’Androhibe. Un travail de longue haleine, commencé en 2007, et pour lequel Fl@h s’est vu décerner à Dublin, en 2010, le prix du Meilleur projet de sauvegarde d’archives audiovisuelles, décerné par

la Fédération internationale des archives de télévision. À son actif, la réhabilitation des Actualités de Madagascar, des films jadis diffusées en avant-programme dans les cinémas et couvrant toutes les années cinquante jusqu’à la proclamation de l’indépendance. Un capital inestimable, faisant de Madagascar l’un des rares pays africains à avoir encore les images de son indépendance…

Laissé à l’abandon pendant des décennies, ce patrimoine audiovisuel est aujourd’hui redécouvert et tout est fait pour le sauver de la destruction. S’il a survécu aux incendies, aux inondations, aux tempêtes, à la négligence des hommes, il lui reste encore bien des dangers à surmonter, comme la destruction spontanée des pellicules acétate, le support filmique le plus utilisé à partir des années cinquante. « Avec le temps, elles s’acidifient dégageant une forte odeur de vinaigre, d’où le nom de syndrome de vinaigre qui est donné à ce phénomène », explique Monique Razafy Rahajarizafy, la présidente de l’association. Seule solution, en tirer des copies numériques avant qu’elles ne soient gangrenées. C’est la technique du télécinéma (conversion d’un film argentique en source vidéo) à partir de machines très pointues dont les moindres vont chercher dans les 100 000 euros. « Grâce à l’appui financier de la Coopération française, on a pu s’en procurer une d’occasion à 20 000 euros et on a également bénéficié du soutien technique de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) pour la formation de nos techniciens », précise la présidente.

Aujourd’hui, Fl@h est la seule association de l’Afrique de l’Est et de l’océan Indien à détenir un tel savoir-faire. Agréée par l’INA, son ambition est tout naturellement d’élargir ses compétences au niveau régional, en prenant en charge l’archivage des fonds analogiques anciens des îles voisines. Pour 2012, Fl@h compte également mettre l’accent sur la valorisation de son travail avec des projections itinérantes dans les écoles et la diffusion de DVD. « C’est le moment le plus exaltant de la restauration quand l’archive est rendue au public. Elle peut commencer à renaître. Une mémoire qui ne se partage pas est une mémoire morte », estime Monique Razafy Rahajarizafy.

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