Festival mondial des lémuriens : On en mangerait ?
15 décembre 2014 - NatureNo Comment   //   1934 Views   //   N°: 59

Le Festival mondial des lémuriens qui s’est tenu en octobre dernier aura permis de sensibiliser l’opinion internationale sur certains aspects peu ragoûtants liés à la conservation de ces primates. Notamment la recrudescence de leur consommation de viande par les populations locales.

Nos 105 espèces de lémuriens connues n’habitent plus que10 % de la surface de l’île. Cela ne les empêche pas d’être toujours aussi emblématiques, qu’on les serve à la sauce rugby (via les Makis) ou comme motifs à tee-shirts. Mais les voici également dans nos assiettes, et ce n’est pas une bonne nouvelle… La viande de lémurien est en effet de plus en plus consommée en brousse comme substitut du poulet, car bien moins cher que ce dernier. «Dans les régions les plus enclavées de l’île, manger de la viande de maki est courant. C’est même une nécessité car aucune autre espèce n’est mieux à même de satisfaire les besoins en protéines des populations», précise le Pr Jonah Ratsimbazafy du GERP (Groupe d’étude et de recherche sur les primates de Madagascar).

Cette association à but non lucratif qui regroupe près de 200 scientifiues et primatologues est à l’origine du Festival mondial des lémuriens qui s’est tenu du 25 au 31 octobre. L’événement a permis de rappeler certains points inquiétants relatifs à la conservation des lémuriens, dont précisément la recrudescence de la consommation de leur viande, y compris dans des endroits où l’animal était jusque-là fady (tabou). Dans certains villages, ce sont de véritables marchés aux lémuriens qui s’organisent, la viande passant directement des braconneurs aux étals. Une tonne de viande serait ainsi consommée chaque année dans le seul district de Moramanga ! Ici le kilo de viande de lémurien coûte dans les 1 000 ariary et des restaurants spécialisés commencent même à apparaître… Une ponction insupportable sur une population dont 24 espèces sont déjà menacées d’extinction.

La répression ayant déjà montré ses limites faute, entre autres, de personnel de surveillance sur le terrain, la solution semble passer par l’installation de programmes de développement durable au niveau des communautés locales vivant au contact des lémuriens.

«Tant que les populations locales ne seront pas en mesure de satisfaire leurs besoins quotidiens, les pressions anthropiques sur les niches écologiques des lémuriens ne cesseront de s’accroître, telles que le défrichement, la coupe illicite, le braconnage», précise le Dr Jonah Ratsimbazafy. Le développement de l’élevage de volailles dans les villages serait un début de solution. Tous les fonds collectés à l’issue du Festival mondial des lémuriens serviront à fiancer des programmes de développement durable de ce type. «Beaucoup de zoos en Amérique, en Europe, en Asie, dans les îles de l’océan Indien et en Afrique ont fait de ce festival un véritable événement mondial, appuyé par des collectes de fonds qui serviront à installer ces programmes. »

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