FESPACO 2019 : Le Poulain d’argent revient à Lova Nantenaina
5 avril 2019 - CulturesNo Comment   //   1086 Views   //   N°: 111

Zanaka. Teny nomen’i Félix , un court-métrage documentaire de Lova Nantenaina, a remporté le Poulain d’argent de Yennenga à la 26e édition du Fespaco qui a eu lieu du 23 février au 2 mars dernier à Ouagadougou. Retour sur le film.

Des enfants et des jeunes qui posent devant les monuments en l’honneur des Malgaches tombés lors des événements de 1947, le Mausolée national de Fort- Duchesne et la Stèle d’Ambohijatovo. Le réalisateur Lova Nantenaina donne le ton. La première interrogation arrive. Quel lien entre la jeunesse et ces événements d’il y a plus de 70 ans ? Le propos du film s’articule autour de cette question. Après Ady gasy, son documentaire à succès, le réalisateur a décidé de s’intéresser à ce pan de l’histoire de Madagascar, un événement qualifié de « fluctuant », lequel fait l’objet de « discours contradictoires » aussi bien du côté malgache que celui français.

Le film s’ouvre avec des images en noir et blanc. Il s’agit d’un éloge funèbre, un « kabary », en présence d’une poignée de personnes et la fanfare militaire. C’est, en effet, une cérémonie de réception des honneurs funèbres. En off, la voix d’un homme presque tremblotante s’élève pour commencer un récit, celui de sa vie pendant les événements de 1947. Le réalisateur présente son personnage principal, Félix Robson, un octogénaire qui a survécu à un épisode macabre. Il était dans l’un des trois wagons à l’arrêt sur lesquels l’armée coloniale française a tiré un jour de mai 1947.

Mais qu’est ce qui s’est vraiment passé dans ces wagons de la mort ? Le film apporte de nouveaux éclairages à travers les poignants témoignages de ce fameux messager chargé d’envoyer LA lettre au chef d’Ambila, un personnage-clé dans cette histoire. « Ils tiraient sur les murs, et des débris chauds tombaient sur le dos de certains qui sursautaient en criant : ça brûle, ça brûle ! » se rappelle-t-il comme si c’était encore hier.

Vient ensuite une mise en parallèle assez troublant d’images d’hier et d’aujourd’hui. Lova Nantenaina interroge les « héritiers » de cette liberté chèrement acquise sur leur responsabilité. Qu’en avons-nous fait ? « Si certains veulent perpétuer la colonisation, les Malgaches doivent dire un non catégorique, peu importe de quels colons il s’agisse » ainsi parlait Félix Robson.

A titre de rappel, après Benoît Ramampy (1973) et Luck Razanajaona (2015), Lova Nantenaina est le troisième malgache à avoir remporté un prix de Yennenga au Fespaco, la grande messe du cinéma en Afrique.

Damy Govina

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