Famelona : L’antigueule de bois
3 décembre 2015 - TraditionsNo Comment   //   3203 Views   //   N°: 71

Les Ntaolo – Malgaches d’antan – étaient-ils des fêtards invétérés ? Il y a environ deux siècles, ils ont inventé le « famelona », une médication contre la gueule de bois, ce mal qui nous plombe la tête après une nuit d’intenses libations. Aux grands maux, les grands remèdes ? 

Le seul moyen de prévention de la gueule de bois – gorge sèche, fatigue, nausées et migraine – serait l’abstention ou la modération dans la consommation d’alcool. Certes, mais il y a aussi le famelona (littéralement « démarreur »), ce remède préventif qu’on prend en vue d’une beuverie. C’est une infusion de trois plantes médicinales, à savoir le fanazava (Mystroxylon aethiopicum), le fanalasimba (Toddalia asiatica) et le takelibaha (une plante endémique des hautes terres malgaches), mise au point il y a environ deux siècles par des Malgaches très habiles dans la phytothérapie. Et ce n’est pas un remède de bonne femme !

On en vend encore jusqu’à ce jour au marché aux plantes médicinales de la Petite Vitesse. Malala, trentenaire, maîtrise très bien la composition et la posologie de cette médication. « Tu prends les trois plantes, 30 grammes de feuilles chacune. Tu les infuses dans 1,5 litre d’eau. Tu bois la tisane tiède », indique-t-elle. Comme le famelona est préventif, il faut le boire avant la beuverie. « J’ai l’habitude d’en prendre un verre le matin et un à midi, quand je sais qu’il y aura une soirée très arrosée, et c’est efficace », annonce Harivelo, cadre dans une société commerciale d’Antanimena. Et Malala d’affirmer : « Même si tu as fait des excès, le lendemain tu seras en pleine forme ». Autrement dit, l’organisme ne ressentira que les effets immédiats de l’alcool.

En fait, ces trois plantes agissent sur l’estomac, le foie et le reste de l’appareil digestif. Les agents actifs contenus dans ces plantes immunisent l’organisme contre tout élément nocif qui s’y est introduit, en l’aidant à s’en débarrasser très vite. De ce fait, il y a des gens qui en prennent régulièrement à titre prévretif. « Ainsi ils n’ont plus à boire du famelona quand ils vont à une soirée. Leur organisme en contient déjà et sait ce qu’il à faire », explique Malala. « Aleo misoroka toy izay mitsabo » (mieux vaut prévenir que guérir), disaient les Malgaches d’antan, et qui aimerait rater la fête de la Saint Sylvestre pour une histoire de gueule de bois ?

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