Faly Rasamimanana : « Le changement climatique menace la filière litchi »
10 septembre 2019 - ÉcoNo Comment   //   2720 Views   //   N°: 116

Bien que la filière litchi soit une des plus structurées, elle reste en danger. Elle subit les problèmes sociaux et environnementaux ce qui perturbe la commercialisation du fruit. Faly Rasamimanana, directeur de la société d’exportation de litchi Faly Export mise sur l’implication de tous les acteurs de développement durable à travers la création du référentiel HOREB (Hygiène, Organisation et Restauration de l’Environnement et de la Biodiversité).

Comment se porte la filière litchi ?
La filière litchi est plus organisée et mieux structurée par rapport aux autres filières comme la vanille ou le girofle. C’est la raison pour laquelle, les exportateurs arrivent à charger 15 000 tonnes en moins d’une semaine avec un prix plus ou moins stable. Madagascar produit environ 100 000 tonnes de litchis par an dont les régions productrices sont Antsinanana, Analanjirofo, Atsimo Antsinanana, Itasy, Fort-Dauphin et Sava. Pour le moment, Madagascar est parmi le seul pays producteur de litchis qui arrive à charger deux bateaux de 7 500 tonnes en six jours. Pour la campagne 2018-2019, le pays a exporté environ 20 000 tonnes dont la destination principale reste l’Europe notamment la France, l’Allemagne, l’Angleterre mais aussi la Russie. Notre expédition vers l’Afrique du Sud n’était qu’un essai pour valider des tests mais il s’avère difficile de commercialiser vers ce pays car les productions se coïncident.

Mais la filière est menacée…
Actuellement, le litchi de Madagascar est victime du changement climatique car les fruits doivent être étalés sur trois semaines avant Noël pour pouvoir écouler les 17 000 tonnes.

C’est la capacité d’absorption du marché européen car après les fêtes de fin d’année la consommation ralentit considérablement. Donc les bateaux doivent impérativement partir aux alentours du 23 novembre et pourtant la date d’ouverture reculait et les fruits ne sont pas prêts à cette époque. Cela engendre également un problème au niveau du calibre du au déficit hydrique. Lors de la dernière campagne, l’effet du changement climatique était sévère, ce qui a causé du retard pour la mise sur le marché et engendré des méventes.

Un marché international exigeant ?
En termes de normes sanitaire, sociale et environnementale, le marché international est très exigeant. Les importateurs sont stricts au niveau des contrôles dès l’arrivée du produit en Europe. Par exemple, lors de la campagne 2010-2011, la commercialisation du litchi a été suspendu en Allemagne à cause du dépassement des limites maximales en dioxyde de soufre. Il faut créer un système qui apporte une solution au niveau de la production et donc de la qualité. Une bonne planification et organisation de cueillette et de collecte pourraient résoudre une partie de ce problème. L’entretien et l’irrigation ne sont pas à écarter.

D’où la mise en place du système HOREB ?
Créé en 2016, HOREB est un référentiel pour la mise en place du développement durable et inclusif pour donner une nouvelle image des produits agricoles malgaches sur le marché international. Le premier objectif est de garantir la sécurité sanitaire des consommateurs et des producteurs par la bonne pratique d’hygiène. Il faut assurer la sécurité sociale des producteurs par la Responsabilité sociétale des entreprises ou RSE. Il faut aussi améliorer la productivité par la mise en pratique des itinéraires techniques adaptés, mutualiser les moyens et les ressources pour une meilleure compétitivité. Pour assurer la santé humaine, végétale et animale, nous mettons en place la bonne pratique agroécologique comme la diminution de l’usage des pesticides, le compostage… Il y a également les mesures d’accompagnement pour réduire la pratique des feux de brousse et des cultures sur brûlis.

La commune de Foulpointe comme ville pilote…
Nous avons commencé à appliquer ce système par la filière litchi dans la ville de Foulpointe grâce à la volonté du maire. Nous avons distribué des latrines pour les ménages pour interdire la défécation à l’air libre. Dans les sites de production de litchi, nous avons aussi distribué des bidons équipés de robinet et de purification d’eau, des chariots pour collecter des ordures. Aujourd’hui, la ville de Foulpointe est assainie. Mais tout cela s’est fait en trois ans. Nous avons également réhabilité les routes dans la ville avec la construction de ponts pour acheminer facilement les litchis. Actuellement, près de 700 producteurs adhèrent à ce référentiel HOREB. L’objectif de ce référentiel c’est d’offrir des produits sains et loyaux aux consommateurs tout en améliorant la qualité de vie des producteurs. Ces objectifs de développement durable sont vérifiés par l’USAID, l’UNICEF et aussi d’autres organismes.

Propos recueillis par #AinaZoRaberanto

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