Du particulier au général
14 décembre 2017 - Fanahy gasyNo Comment   //   1262 Views   //   N°: 95

« Tompon-toerana fa tsy tompon’andraikitra » peut se traduire par « En poste, mais pas responsable ». C’est le leitmotiv du général Ramakavelo dans ses émissions très écoutées sur une grande station de radio. Depuis qu’il est à la retraite, il se consacre à l’éducation civique et sociale de ses concitoyens. Cela méritait bien un coup de képi !

Si on arrive à bien saisir le sens de cette citation, on constate sa grande pertinence dans le contexte actuel. On peut se poser d’emblée la question : « Est-ce que toutes les personnes en poste assument convenablement leurs tâches ? » Interrogation annexe : « Sont-elles conscientes de la responsabilité qui est la leur et du risque qu’elles nous font courir ? » Interrogation vitale à l’heure de la peste et des grandes inondations typhoïdiennes dans la capitale ! Et ne touchons-nous pas là l’un des plus grands fléaux qui ronge, après la corruption, le développement du pays depuis des décennies ? Car la liste serait longue des incompétences à pointer dans l’exercice de la fonction publique, de la base aux plus hauts sommets de l’État. Peut être un peu moins dans les milieux du secteur privé où l’incompétence crasse est plus vite repérée comme facteur trop évident de perte d’argent !

Mais remontons le mal à sa racine. Tout le monde sait aujourd’hui que pour occuper un poste dans l’administration malgache,

fut-il très haut placé, il suffit d’y mettre le prix, le juste prix ! Ce coût de la charge, inscrit nulle part dans les règlements de la République, est en fait calculé sur la possibilité qu’il y aura, en occupant ledit poste, à détourner l’argent public de toutes les façons possibles et imaginables. Vous n’avez pas les compétences requises ? Qu’à cela ne tienne, vous avez payé votre place, vous ferez très bien… l’affaire ! Et comment s’étonner si des pans entiers du secteur public ne fonctionnent plus, voire stagnent ou reculent à mesure que les responsables se succèdent ?

Même chose pour le népotisme, l’art comme chacun sait de faire profiter à ses proches les meilleures places dans l’organigramme du service public. Encore une fois, pas pour leurs qualités, diplômes ou compétences. A ce cancer dont les métastases attaquent le corps social depuis plus de quatre décennies, on se demande quelle chimio, quel rayons laser seraient capables de brûler le mal à sa racine et tirer enfin d’affaire ce grands corps malade parvenu, quasiment, au stade terminal. Nos anciens, les Ntalao, avaient leur remède : le fihavanana, la vertueuse solidarité de tous les fils du sol ! Mais pour cela, il faut d’abord l’intervention d’un homme « providentiel », probe et résolu, qui n’aurait en tête que le bien public et la restauration d’une morale sociale et non sa tire-lire personnelle. Des généraux providentiels, l’Histoire en a pas mal semés sur son chemin, et pas toujours pour le meilleur. A tout hasard, le général Eisenhower, le général de Gaulle, le général Franco, le général Pinochet… Lequel nous sortira de cette situation malsaine ? The right man at the right place, disent les Anglais. Qu’en pensez-vous, mon Général ?

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