La crise se lit parfois dans les yeux de certains jeunes papas entrés prématurément dans le rôle et qui autrefois furent des coqs de « quartier ». Les fruits précoces d’un rythme de vie juvénile effréné où les jeunes filles ne juraient que sur leur crête à la Christiano Ronaldo et leur slim façon Jason Deluro. Ils peinent à assurer financièrement cette nouvelle responsabilité paternelle. Leur manque de qualification et d’expériences professionnelles les exclut du marché de travail.

Ils ont gardé la nostalgie de leur gloire d’antan, mais n’ont plus les moyens de se payer la vie de patachon qui leur permettrait d’oublier la dure réalité de ce qui les attend à la maison. Et surtout il faut absolument qu’ils trouvent de l’argent pour que bébé ne manque de rien. Alors une seule issue, sortir le soir pour pêcher un « clubbeuse » à la recherche d’un prince charmant ! Les bonnes manières sont de rigueur pour impressionner : courtoisie, éloquence, style. Mais le portefeuille vide est vite décelé par ces connaisseuses qui le prennent aussitôt pour un parasite. Les filles de joie en mal d’amour peuvent trouvent en lui un léger compromis pour sa fraîcheur et sa beauté. Mais elles ont elles aussi des bouches à nourrir à la maison et ne peuvent se permettre d’entretenir une telle situation.

Certains travestis savent lire dans le regard toujours en alerte de ces Don Juan déchus. Leurs attentes sont mutuelles : l’apparence féminine des premiers contrent la virilité des seconds, le tout sous fond de maquillage bien sûr ! Chacun sait ce qu’il veut, d’autant que le travelo peut aussi se montrer très généreux. Mais la relation devient vite tendue par intérêt ou manque de sentiment. Les prétextes pour soutirer de l’argent au malheureux travesti se suivent et ne se ressemblent pas : loyer, Jirama, vaccination, baptême sans oublier l’argent de poche quotidien et la prime de récupération après les rares nuits torrides. Faute de moyens, la pseudo-relation devient très vite éphémère.

Dans son coin, bébé grandit et ses besoins aussi. Monsieur doit trouver une autre proie. Il passe d’un travesti à un autre, puis encore un autre. Chose qu’il ignore, les travestis se racontent tout… Autant le savoir, s’il y a de l’amour, les homos sont sans limites ; sinon l’histoire est vite réglée. Ils préfèrent payer pour un bon coup et un seul que d’entretenir un gigolo pas vraiment disponible.

Entre gens du même sexe, la compassion existe, même si c’est une rencontre d’un soir. Il y en a toujours qui sont toujours prêts à aider un mec dans le besoin, à l’aider à acquérir une formation, un permis de conduire, un stage en entreprise, bref à l’aider à s’en sortir. John, par exemple, qui aida un de ces étalons fourbus à monter un petit business de friperie. Tout marcha bien au départ, puis un contentieux apparut qui se termina par un AVC pour John. Il ne faut pas prendre ces enfants du bon dieu pour des canards sauvages. Trop bon, trop con comme on dit.

La vulnérabilité financière de notre Don Juan sur le retour l’expose à un autre danger : la maladie. Le prédateur devient une proie facile pour les mecs qui veulent abuser de son charme moyennant quelques liasses ou des fois une simple bouteille. Par manque de réflexe de protection, le risque de contamination est énorme, comme pour n’importe quel travailleur du sexe. Tout au long de sa galère, l’alcool reste son principal allié, capable aussi de le trahir quand il pique sa crise en public après un petit verre de trop. Son teint se dégrade, son physique se détériore au rythme des bouteilles englouties et des nuits blanches. Quelques accrochages par-ci et par-là peuvent lui valoir incidemment une dent en moins. Au bout d’un certain temps – quelques jours, quelques mois –, personne n’en veut plus. Tout le monde a compris son jeu, sa stratégie, et l’évite comme le mouton noir De là, tous les scénarios de chute sont possibles : violence, vol, raquette… la prison ou le cimetière. Bébé ne connaîtra peut-être jamais son papa paumé.

par #Von