Délestage : « Tout le secteur de l’énergie à restructurer »
13 février 2017 - TribuneNo Comment   //   2928 Views   //   N°: 85

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Malgré la libéralisation de ses activités depuis 1999, la Jiro sy rano malagasy (Jirama) reste le principal fournisseur d’électricité. Pourtant, l’offre est très loin de répondre à la demande et la qualité du service est plus que déplorable.

D’après le dernier rapport Doing Business de la Banque mondiale, Madagascar figure parmi les pays les moins performants en matière d’électricité. Le phénomène du délestage malmène le quotidien des Malgaches, ralentit l’activité économique et limite la compétitivité du pays. Il touche particulièrement le réseau de la Jirama. L’offre n’arrive pas à répondre à la demande si bien que la compagnie doit opérer des délestages tournants, notamment en alternant la fourniture en eau et électricité dans les quartiers. Derrière la simple raison mécanique se cache des problèmes plus spécifiques qui doivent être résolus si on veut surmonter le délestage sur le long terme : mauvaise gouvernance, vétusté des installations, dépendance aux produits pétroliers, etc. Il faut désormais prendre en compte la demande en électricité qui est très forte, tant auprès des ménages (urbains et ruraux) que des industriels et des entrepreneurs.

Au-delà du délestage, c’est tout le secteur de l’énergie qui est à restructurer. Mais existe-il la volonté politique? La réponse est mitigée. L’État a certes publié la Nouvelle politique de l’énergie (NPE) en 2015 mais sa mise en œuvre se fait attendre. Au niveau de l’électricité, par exemple, des centrales thermiques ont été installées dans plusieurs régions du pays sans que cela ait réglé le problème du délestage. Madagascar compte 7 800 mégawatts (Mw) de potentiel hydroélectrique qui reste largement inexploité. La raison la plus souvent évoquée pour justifier cette contradiction réside dans le coût de construction des ouvrages hydroélectriques, alors que ces derniers sont les plus rentables sur le long terme. La NPE prône aussi la transition vers les sources d’énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse, etc.), pourtant ces dernières sont encore trop peu utilisées malgré une légère hausse du nombre de centrales photovoltaïques depuis 2014.

La filière énergie ne reçoit qu’un appui limité par rapport aux enjeux. Des initiatives de promotion de l’agrocarburant ont été enregistrées depuis 10 ans mais l’absence de volonté de l’État n’a pas donné une visibilité claire aux investisseurs, à tel point qu’ils ne se sont pas sentis sécurisés. Plusieurs projets ont alors été abandonnés alors qu’ils auraient pu créer des emplois et réduire l’importation d’hydrocarbures. Des projets alternatifs au bois énergie ont démarré avec l’éthanol domestique mais on ne comprend pas pourquoi l’État n’investit pas dans sa vulgarisation. L’appui des projets financés par les bailleurs fait heureusement un peu bouger la situation dans certaines régions telles que Diana, Atsimo Andrefana, Boeny et Analamanga. Il existe tant de solutions que les responsables connaissent déjà et qu’on attend impatiemment qu’ils prennent à bras le corps.

Groupe de réflexion sur l’énergie

Le Groupe de réflexion sur l’énergie (GRE) est une plateforme d’experts bénévoles travaillant dans le secteur de l’énergie et qui sont désireux de dynamiser le secteur à travers leurs recherches et expérimentations.

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