« Malgache de coeur » comme il aime à se présenter, Moumtaz Nyora est l’une des voix grandes soul des Comores. Un show-man exceptionnel qui pratique la scène depuis l’âge de 9 ans, à l’instar de son inspiration première, un certain Stevie Wonder. 

Natif de Vouvouni-Bambao, un village du centre de la Grande Comores marqué par une forte communauté d’origine malgache, Moustoifa Moumtaz dit Moumtaz Nyora est l’un des jeunes maîtres de la soul comorienne. Une musique beaucoup plus répandue dans l’archipel qu’on ne se l’imagine et qu’il a à coeur de promouvoir à travers ses grands modèles : Stevie Wonder, Marvin Gaye, Robin Thicke, excusez du peu !

Installé à Tana depuis 2012 pour étudier le commerce international à l’Iscam, il ne manque pas à l’occasion de faire partager ses talents d’auteur, compositeur et interprète. Ceux qui l’ont entendu au Paprika en mars dernier accompagné par Datita Rabeson, Eric Rakotoary, Nali Rabarison et Andry Ramampandrison savent à quoi s’en tenir. Une voix très inspirée, une tessiture unique capable d’aller chercher le frisson au plus profond de l’âme. Il en a encore donné un échantillon en mai dernier au Jao’s Pub à l’occasion d’un spectacle organisé par l’association culturelle comorienne Djabal-Madagascar. Quelque chose dans l’élégance du répertoire qui rappelle Imany, cette soul sister d’origine comorienne qui cartonne depuis des années en Europe et en Afrique.

« J’ai toujours baigné dans la musique afro-américaine, car j’ai eu le bonheur d’avoir un père guitariste de jazz et d’avoir très tôt fréquenté Maalesh, ce poids lourd de la musique comorienne et grand maître du twarab, d’ailleurs prix Découverte RFI en 1995. » À leur contact, il se forme rapidement. À telle enseigne qu’à 9 ans, « le petit à la voix d’or » comme on l’appelle tourne déjà dans les cabarets. Mais la révélation de la soul lui vient en 1995 en suivant à la télé un concert de Stevie Wonder. « Lui aussi a commencé tôt. À l’âge de 11 ans, il signait son premier album pour le label Tamla Motown, la classe ! C’est vraiment ma source première d’inspiration. Avant de monter sur scène, j’implore toujours sa protection… » Il pousse l’admiration jusqu’à se faire parfois appeler Moumtaz Nyora Wonder !

S’il a choisi Madagascar malgré des opportunités de spectacles en Angleterre, c’est qu’il se sent « Malgache de coeur » comme beaucoup d’habitants de Vouvouni-Bambao. « On a tous làbas un lien particulier avec la Grande Ile. Mes parents sont nés a Madagascar, ils s’y sont connus et mariés avant de regagner la Grande Comore. L’actuelle femme de mon père est également une Malgache de Tana… » Le coeur et la soul, quoi de plus compatibles ? 

Mourchidi Moussafiri