Claudia Chan Tak : « Moi, petite malgache-chinoise »
9 février 2017 - CulturesNo Comment   //   3294 Views   //   N°: 85

Jeune artiste multidisciplinaire vivant à Montréal, Claudia Chan Tak a su toucher le public canadien grâce à son spectacle très personnel qui tourne autour de ses origines sino-malgaches. Alliant danse contemporaine, vidéo, photographie et performance, Claudia nous entraîne dans sa quête identitaire.

Née au Québec, Claudia est venue une seule fois à Madagascar en 1993 alors qu’elle n’avait que 6 ans. De ce voyage, elle garde des souvenirs, des découvertes et des rencontres marquantes, immortalisées par les cassettes vidéo de son père. Son pèlerinage identitaire l’emmènera en Chine en 2016, où elle lit l’incompréhension dans le regard des personnes qui lui parlent en mandarin ou en cantonnais sans qu’elle puisse leur répondre : « C’est la seule fois où je me suis sentie un peu perdue. C’était déstabilisant car le cantonais est la langue utilisée par ma famille, pourtant je ne la parle pas… » Malgré ces quelques moments d’isolement, le métissage est pour elle avant tout une force, car elle a décidé d’embrasser ses deux cultures et de célébrer la richesse de sa différence à travers son premier solo multidisciplinaire.

Moi, petite malgache-chinoise est une œuvre autobiographique qui allie danse contemporaine et film documentaire. Sur scène, elle évolue à travers ses archives de voyage : « Je danse, j’interagis avec des images vidéos projetées sur différents objets qui me rappellent mon enfance et mon rapport à mes deux cultures : tissus, masques et peluches animales. Les mouvements sont inspirés des animaux, du kung-fu et de la danse traditionnelle malgache. »

Claudia fait ses premières pointes à 4 ans dans les cours de ballet classique, ballet jazz et danse moderne de Marcelle Turgeon, son mentor qui a fondée l’école du quartier où elle a grandi et qui n’a cessé de l’encourager à créer ses propres chorégraphies. Après son baccalauréat en beaux arts, elle suit une formation universitaire en danse contemporaine avant de se produire sur scène avec d’autres artistes montréalais dont Philippe Dandonneau, un chorégraphe de la relève qui joue avec les genres, la masculinité et la culture pop. Mais le plus souvent, elle propose ses créations personnelles, ce qui ne l’empêche pas de travailler avec d’autres concepteurs de différentes disciplines.

Pour Moi, petite malgache-chinoise, elle a collaboré étroitement avec l’artiste Nans Bortuzzo, qui a signé les photographies et le mapping vidéo de son solo, et qui a réalisé le documentaire sur son voyage en Chine qui est incorporé à son spectacle. Raconter son histoire sur plusieurs supports est important pour elle : « Cela me permet de me présenter sous différents jours : petite fille à Madagascar, femme en Chine et danseuse sur scène. » Son spectacle a été présenté en décembre dernier au Montréal, arts interculturels (MAI) et la première a été complète ! « Nous avons dû ajouter une troisième représentation suite à l’engouement du public. Ce fut un moment magnifique et je travaille en ce moment pour que ce solo puisse être présenté devant différents publics. »

Certes, Claudia parle de sa vision très personnelle de son identité en jouant sur ses souvenirs d’enfance et de voyage, mais elle pense que toutes les petites « malgaches-chinoises » qui vivent à Madagascar ou à travers le monde peuvent se reconnaître dans son spectacle. Une autre jolie façon de dire que « c’est de l’identité qu’est née la différence » (Heinz Pagels).

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