Christian Brandt : Sept cordes à son arc
5 août 2014 - Cultures MusiquesNo Comment   //   3602 Views   //   N°: 55

Finie l’époque où le bassiste n’avait que ses quatre cordes pour jouer les piliers rythmiques. Aujourd’hui les basses à tessiture étendue (BTE) flirtent avec les douze cordes et deviennent de véritables instruments solos. Celle de Christian Brandt n’en a que sept, mais déjà bien complexe à utiliser… pour sept fois plus de groove !

Ceux qui l’ont vu jouer le 1er juin sur l’escalier d’Antaninarenina, au dernier festival de jazz street Jazz@tohatohabato, savent à quel point il sait faire claquer les sept cordes de sa basse. Oui, pas quatre, pas cinq, pas six… mais sept cordes ! C’est ce que l’on appelle les basses à étendue (BTE), dotées de cordes supplémentaires pour pouvoir jouer des notes inatteignables par les quatre cordes classiques. Il en existe aujourd’hui à 10 ou 12 cordes voire plus, la seule limite étant la contrainte physique, car pas facile de faire bouger tout ce mondelà avec ses cinq petits doigts ! « La sept cordes permet d’aller chercher des notes très aiguës un peu comme une guitare.  

Cela ouvre plein de possibilité dans le registre solo », fait valoir le Français qui se flatte d’être parmi les tout premiers utilisateurs au monde de la sept cordes.

« C’est le luthier Renaud Personnier, un ami d’enfance, qui m’a fabriqué la première au début des années quatre-vingt-dix. Je lui dois aussi une fretless au toucher incroyable… » À telle enseigne qu’en Europe et aux États-Unis où il fonctionne beaucoup comme producteur et arrangeur de studio, on l’appelle Mr 7, clin d’oeil au Mr 335 de Larry Carlton et sa mythique Gibson 335. Mr 7 est d’ailleurs le titre de l’unique album qu’il a enregistré et distribué aux États-Unis en 1999. 

Si des musiciens comme John Patitucci ou Anthony Jackson ont fait de la six cordes leur instrument de prédilection, bien peu se sont lancés dans l’apprivoisement de la sept cordes, voire de la 12 cordes (Jean Baudin, Yves Carbonne). Bonne raison à cela : plus il y a de cordes, plus il y a de notes à mémoriser et plus le travail sur le manche se complexifie. Une vingtaine d’années d’apprentissage en ce qui le concerne. Âgé de 55 ans, Christian Brandt se définit volontiers comme un vieux routier du jazz, ayant touché son premier cacheton à 13 ans et demi ! Son plus grand souvenir ? Le festival de Montreux, en Suisse. « Je dépannais un ami d’un groupe de jazz. Même pas avec une sept cordes, avec une basique quatre cordes ! Et voilà que je me retrouve sur scène avec Pat Metheny, Chaka Khan et Jeff Porcaro… » 

L’homme aime transmettre. Il l’a prouvé en animant pendant plusieurs semaines des masterclass au Jazz Club du CGM (Cercle germanomalgache). « à Madagascar, le talent ne fait pas défaut. Il faut juste gagner en rigueur à l’américaine, et surtout ne pas trop s’éloigner du gros son. Même avec une BTE, le coeur de la basse reste le groove. » Son passage à Madagascar a réveillé chez lui un manque. « Ca fait longtemps que je suis en studio, j’aimerais repartir sur scène avec ma musique, ma formation. J’ai fait beaucoup de jazz, mais je me fiche des étiquettes, j’aime bien le côté touche-à-tout inspiré d’un Mike Oldfield. » Christian Brandt est reparti le 18 juin, non sans avoir laissé un peu de son « aura » aux personnes qu’il a coachées. Et comme il le dit lui-même : « Un avion ça se prend aussi dans le sens inverse, je suis prêt à revenir au plus vite… » 

Christian Brandt : http://chris-brandt.com

 

Joro Andrianasolo

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