Benjamina Randriamalala : « Le vakodrazana est une science exacte »
3 mai 2017 - CulturesNo Comment   //   2063 Views   //   N°: 88

Benja Gasy, le groupe de « vakodrazana » (musique folklorique) est apparu à Andohalo en mars dernier lors des festivités du Nouvel An. Une occasion pour le grand public de découvrir son chef de file, Benjamina Randriamalala, musicien, luthier et chercheur de renommée internationale…

En mars dernier, le groupe Benja Gasy, dirigé par Benjamina Randriamalala, a participé aux festivités du Nouvel An malgache à Andohalo. Il a énormément impressionné le public avec ses curieux zava-maneno (instruments de musique) tous atypiques, surtout cette espèce de harpe ou de guitare hawaïenne à la sonorité de valiha. Tel un grand piano, l’instrument porte sept octaves, avec toutes les notes mineures. « J’en suis l’inventeur et je l’ai baptisé Begà en hommage à Benja Gasy », confie Benjamina Randriamalala, en attaquant aussitôt la Fantaisie chromatique et fugue en ré mineur, pourtant pour clavecin, de Bach.

Multi-instrumentiste, luthier, musicologue, l’homme ne vit que pour la musique depuis trente ans. Sans fanfares ni trompettes car il est d’un naturel discret. « Si je ne suis pas en tournée, c’est que je suis en studio ou dans mon atelier en train de chercher le moyen d’améliorer un instrument traditionnel. En règle générale je ne suis pas difficile à trouver ! » Une passion pour laquelle il a laissé tomber vers la fin des années 1980 son travail de cadre à l’hôtel Hilton (aujourd’hui Carlton). « J’ai toujours aimé tout ce qui est musique malgache. Mais conscient des imperfections des instruments traditionnels, j’ai décidé de m’y consacrer à plein temps. » Le but étant de les faire résonner dans le monde entier, notamment sur la scène symphonique.

Sans avoir jamais fait d’école de musique et encore moins de conservatoire, Benjamina Randriamalala s’est lancé dans de véritables recherches scientifiques et historiques, apprenant tour à tour le solfège, la tablature et la suite harmonique. Très vite, ses travaux portent leurs fruits. L’autodidacte parvient à fabriquer des sodina (flûtes en bambou), des aponga (tambours) et des valiha qui, à première vue, semblent ressembler aux modèles traditionnels mais très différents en terme de sonorité. « La musique, c’est de la science exacte. Je ne me lasse pas de le souligner », martèle le luthier. Des recherches qui lui ont valu d’entrer à l’Académie Malagasy et d’animer pas mal de conférences et colloques sur la suite harmonique, « un sujet purement mathématique ».

Grâce à ses zava-maneno, Benjamina et son groupe ne manquent pas chaque année de partir à l’étranger pour participer à des festivals internationaux, comme le World Festival For Island Culture, à Cheju Do en Corée du Sud, le Festival des cultures du monde en France ou le prestigieux Malay World Art Festival à Johor Barhu et Kuala Lumpur en Malaisie. D’autres encore. A son actif, pas moins d’une trentaine de concerts sur les cinq continents. En 2016, il a par deux fois participé au Concert Classique de Midi organisé par Madagascar Mozarteum. Évidemment, il y a joué une musique rien moins que classique. Très applaudie néanmoins.

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