Belongo : Attention Tsapiky !
8 janvier 2018 - CulturesNo Comment   //   1558 Views   //   N°: 96

Qui a dit que seules les tropicaleuses savent ambiancer ? Même sans bombement de l’arrière-train, Belongo, trois gars accros au rythme « mafana » du Sud-Ouest, arrive à emballer le public avec son « tsapiky marovany » certifié pur produit du terroir.

Voici Belongo, comme un vend chaud amené d’Ambohibe Morombe, au sud-ouest de Toliara, avec Hermann au marovany et au chant, José à la guitare acoustique et basse et Djamila aux percussions. Tous trois fous de rythme se sont rencontrés au Vakok’arts trano à Toliara avant de former Belongo en 2007. « Si le marovany est souvent joué lors des séances de tromba (transe), nous voulons le valoriser par le tsapiky qui est la musique festive par excellence des bals poussière en brousse. »

Hermann a tout appris sur le tas, en pur autodidacte. « Je ne connais aucune note. J’utilise juste mon oreille musicale en fonction de ce que j’entends dans les cérémonies traditionnelles. J’aime explorer d’autres sons traditionnels avec mon marovany », confie-t-il. Belongo s’est ainsi aventuré à jouer du Jihe, la musique traditionnelle des peuples Vezo et Masikoro qu’on pratique souvent lors des circoncisions, ou encore le Kidobadoba un rythme ternaire proche du salegy mais différent dans la façon de le danser. « On a ce côté traditionnel mais cela ne nous empêche pas de jouer des rythmes sud-africains. L’important pour nous c’est de les jouer avec du marovany. » Leur référence ? Papa Sirily, un aîné et un connaisseur musical du village. Hermann vient souvent le voir pour lui faire écouter leur musique et demander des conseils.

Le groupe porte bien son nom de Belongo (qui a beaucoup de famille). « Nous avons choisi ce nom car dès mon plus jeune âge, j’ai été énormément entouré. J’ai été éduqué à aimer et partager, je ne peux pas en dire autant de l’éducation actuelle. » Leur répertoire doté d’une quarantaine de chansons parle de ce besoin d’un réel fihavanana (fraternité), bien que ce terme soit galvaudé aujourd’hui. « Nous parlons des valeurs que nos aînés nous ont transmises. » Dans le titre Toliara, Belongo raconte l’évolution et la dégradation de la ville du Sud-Est. « Nous y évoquons par exemple la détérioration du jardin de la mer. Les habitants ne s’en préoccupent plus. S’ils aimaient bien cette place, ils ne l’auraient pas laissé se dégrader. » Comme dans la chanson Longo qui parle de la façon dont la famille nous traite lorsqu’on n’a pas un rond, Belongo a bataillé dur pour en arriver là où il est. Après sa particiption au festival Hay en octobre dernier, il compte aujourd’hui sortir un premier album qui mettra en avant toutes les déclinaisons possibles du marovany, toujours dans une ambiance mafana. Dansez maintenant !

COMMENTAIRES
Identifiez-vous ou inscrivez-vous pour commenter.
[userpro template=login]