Basy Gasy : Arme de construction massive
1 octobre 2018 - CulturesNo Comment   //   2238 Views   //   N°: 105

Si, au départ, Basy Gasy a été créé pour s’amuser, aujourd’hui il apporte une énergie nouvelle à la musique urbaine malgache. Loin des clichés du rap violent ou trash, le collectif réunit différents horizons musicaux et artistiques qui suscitent l’engouement du public.

Depuis six ans, le collectif Basy Gasy fait bouger la musique urbaine locale. Les membres du collectif veulent prouver que le rap est avant tout une musique, un débat et un combat, pas qu’un truc pour quadras à la ramasse. « Actuellement, le rap est une des musiques les plus écoutées ou diffusées au monde. Je ne parle pas forcément de qualité mais on peut dire que le rap est partout. Il peut être une force pour rassembler, conscientiser et apporter de nouvelles idées pour aspirer aux changements, quelle que soit la langue utilisée », affirme Lova Zen, un des membres fondateurs du collectif. Que ce soit par les paroles ou la musique, Basy Gasy prône la liberté d’expression. Une référence à l’expression basy vava (parler sans diplomatie) représentée par la symbolique du micro comme une arme de « construction massive ».

Si le rap est le dénominateur commun, d’autres genres musicaux s’y greffent car les membres du collectif sont issus d’univers différents comme le jazz, le funk, le reggae, le rock, le vazo-miteny (chansons à textes), la musique électro et même les musiques traditionnelles malgaches. Grâce à ses multiples inspirations, le collectif a réussi à réunir un public de tout âge, de toutes classes sociales et de toutes nationalités. « Même si nous ne sommes pas souvent sur scène, le public répond toujours présent. Il y a plein de gens qui n’écoutent pas forcément du rap qui viennent nous voir sur scène », lance Rijasolo. Leur style se distingue ainsi par un rap acoustique avec Nyri à la batterie, Roots au clavier, Rabary à la basse, Tsiry Kely Panda au beatbox, Rijasolo à la guitare, complété par les neuf MC (Master of Ceremony) dont Lova Zen, Bolo, Nats, Biba, Boks, Sebali Stone, Kaz Man, Njara Real et Zintsai sans oublier Raj Tareh, le photographe et vidéaste. Ensemble, ils ont construit une méthode de travail par rapport à la création qui leur est propre où chaque artiste est libre de s’exprimer individuellement. « Il y a forcément une structure à suivre. Si tous les MC veulent performer sur un titre, c’est assez compliqué. Donc nous devons trancher. Nous avons regard sur la qualité des chansons pour qu’elles soient originales. Nous ne voulons pas reproduire ce qui existe déjà », souligne Lova Zen.

Côté texte, les thèmes abordés tournent autour de la réalité malgache sans forcément revendiquer ou accuser. « Nous essayons de produire des textes qui ont du sens. Par exemple, dans Tana Song, le dernier clip que nous avons réalisé, chaque membre qui est sur la chanson, explique comment il voit Tana, ce qu’il veut changer. Idem dans Fahazazana, le dernier morceau enregistré où nous parlons de l’enfance, chacun s’exprime sur la thématique. » Mais comme tout rappeur, les MCdu collectif peuvent parfois s’essayer à l’ego trip, un exercice de style qui a pour simple but de montrer son talent.

Au bout de ses six ans, Basy Gasy a les armes en main pour continuer l’aventure avec de nouveaux projets. Un concert est prévu le 13 octobre au no comment® bar à Isoraka où seront présentés les classiques, de nouveaux morceaux acoustiques et avec un DJ. Il prépare également un EP (Extended Play) composé de sept titres, un instru acoustique qui sortira pour mi-novembre et un album collectif prévu pour l’année prochaine, etc, etc.

COMMENTAIRES
Identifiez-vous ou inscrivez-vous pour commenter.
[userpro template=login]