Baina Arphilica : Un poids lourd du jeu
9 novembre 2021 // Loisirs & J’ai essayé // 4870 vues // Nc : 142

Vous avez toujours rêvé de conduire un camion sur les routes nationales malgaches ? C’est chose faites avec le « Dago Map » développé par Bain Arphilica. C’est un jeu de simulation de camions comme l’ETS (« Euro Truck Simulator ») mais qui permet devenir un routier virtuel en traversant Madagascar et non l’Europe.

Pourquoi un jeu sur les camions ?
J’adore les poids lourds, j’ai même appris à les conduire sur la RN 2, mais je suis aussi un grand fan de jeux vidéo surtout de simulation, très proches de la réalité. À l’époque, j’étais sur WRC, Resident Evil, GTA, Dragon Ball Z et surtout Black Hawk, un jeu de tir FPS (First Person Shooter, Jeu de tir à la première personne). Ensuite, je me suis rendu compte que c’étaient toujours les étrangers qui créaient ces jeux-là, alors que nous à Madagascar, nous en sommes tout aussi capables.

En plus, nous sommes de grands joueurs. En 2019, j’ai appelé des potes pour m’aider à monter le projet, ils m’ont ri au nez, donc je me suis lancé tout seul en me formant pendant six mois. Mes études en modélisation et en développement m’ont beaucoup aidé. J’ai bien sûr rencontré des difficultés avant d’arriver à ce stade pour ne citer que le manque de sommeil, le délestage et bien sûr les jugements de la famille.

Comment on crée un simulateur de camions ?
J’ai d’abord créé deux versions : la première je ne l’ai pas présentée au public, juste à quelques personnes qui n’étaient pas convaincues, et la seconde, on me l’a piratée. La troisième, c’est Dago Map avec le correctif 1.41 en multi-joueurs. Concrètement, je vais sur Google Map, je tape un itinéraire, il me montre une route et je réalise un tracé ligne par ligne. J’ajoute ensuite les détails des maisons… tout cela par clic. Par exemple, de là où j’habite jusqu’à Ambohimangakely, j’ai réalisé près de 6 000 clics. Pour la réalisation d’un crocodile pour le parc d’Andasibe, j’ai mis trois mois ! Dans ce métier de développeur, dès que tu fais une petite erreur, par exemple un espace en plus ou en moins, rien ne va plus. Il faut trouver le problème, ça peut prendre une semaine. Il faut également créer des personnes, des animaux mais surtout des éléments qui n’existent pas directement comme les pousse-pousse, les ravinala (arbres du voyageur), le Rova de Manjakamiadana qui sont spécifiques au pays. En fait, j’ai réalisé une carte de Madagascar avec les six provinces et près de 280 villes. Je me donne une année pour terminer toute la carte.

Comment y joue-t-on ?
On te donne un garage, de l’argent et ta mission, c’est de livrer des marchandises dans différentes villes de Madagascar. Au fur et à mesure que tu joues, tu as des contrats, tu peux gagner beaucoup d’argent, agrandir ton garage, acheter des camions et engager des conducteurs. Ce sont surtout des adultes qui aiment ce jeu, les plus jeunes préfèrent les taxi-brousse pour leur conduite un peu plus « sauvage. » Le concept du taxi-brousse que j’ai créé, c’est de ramener des voyageurs à destination. Comme c’est multi-joueurs, on peut faire des convois. Mais le jeu tend à évoluer. J’aimerais vraiment rajouter cette sensation d’être dans un vrai camion et de ressentir les secousses, la pluie, de rouler dans la boue… C’est encore du travail mais j’y arriverai.

Réaction des « gamers » ?
Beaucoup aiment et beaucoup détestent, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs ! D’autres estiment que c’est cher alors qu’ils ne se rendent pas compte du temps que je passe dessus. Pour tout vous dire, ça fait presque quatre ans que je n’ai pas vu Analakely ! Mais je suis content du résultat. J’ai des clients en France, en Allemagne, en Russie et en Croatie. Ils adorent le jeu puisque ce sont des paysages qu’ils ne voient pas tous les jours. Mon prochain projet est de réaliser un jeu avec les taxis, les bus, les taxi-brousse et les camions.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - La fierté en prolongations

Lire le magazine

La fierté en prolongations

Il y a des moments où Madagascar oublie ses 23 régions et vibre à l'unisson. C’était le cas lors de la dernière édition du Championnat d'Afrique des Nations l'a bien montré. Les Barea, match après match et en devenant vice-champions d'Afrique, ont fait que bien des Malgaches se sont découverts fans du ballon-rond. Chaque coin de rue, chaque taxi-be, chaque salon étaient transformé en fans-zone. Chaque passe et chaque drible était commenté comme si l'avenir du pays en dépendait. Et peut-être que c'était le cas. C’est fou le foot ! Rendez-vous à la Coupe du monde ?Mais ces moments de joie et de fierté collectives ne sont pas qu’au stade. Ca serait réducteur de penser ainsi. Le rapatriement du crâne du roi Toera a réveillé un sentiment patriotique forts dans le cœur de millions de Malgaches. L’événement national a fait ressurgir un passé qu'on pensait enfoui dans les livres. Des Sakalava aux habitants des Hauts Plateaux, tous ont exprimé leur fierté. Nous avons des aïeux braves !Et puis, il y a ces jeunes qu'on oublie souvent, mais que No Comment essaie de mettre en avant. Ils brillent même souvent loin des projecteurs. Grâce à leurs exploits – en raflant médailles et coupes dans des tournois continentaux et mondiaux de robotique et intelligences artificielles – Madagascar est davantage connu du monde. On en parle moins, alors que leur succès est aussi intense qu'un but à la dernière minute.Force est de dire que ce qui nous rassemble, ce sont ces vibrations partagées. Ces événements mettent entre parenthèses notre quotidien et font vibrer notre cœur de Malgache. Un but, un crâne de roi, une invention IT... Peu importe, tant que ça prouve qu'ensemble, Madagascar peut faire bouger les choses.

No comment Tv

Interview - Ep.Sandy.N - Septembre 2025 - NC 188

Découvrez 𝐄𝐩.𝐒𝐚𝐧𝐝𝐲.𝐍 dans la rubrique CULTURE du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, NC 188 - septembre 2025. Ayant commencé en 2008, 𝑬𝒑.𝑺𝒂𝒏𝒅𝒚.𝑵 s’est peu à peu fait un nom dans le domaine de la peinture à Tana. Peintre-portraitiste, il se démarque de ses pairs en réalisant des portraits de célébrités allant d’Albert Einstein à Marylin Monroe, en passant par Jimi Hendrix ou encore Jaojoby. Mais il est surtout connu pour avoir interprété – à sa manière – la très célèbre Joconde de Léonard de Vinci. Ici, il s’agit de La Joconde à Tana.

Focus

MOOR1NG

MOOR1NG au Palais des Sports Mahamasina

no comment - MOOR1NG

Voir