Araignée-pélican : Elle ne dévore que ses semblables !
7 mars 2018 - NatureNo Comment   //   3286 Views   //   N°: 98

Comme tout le monde, vous adorez les araignées tueuses et serez enchantés d’apprendre que celle-ci, endémique de Madagascar, est cannibale. Donc si elle vous monte sur le corps, pas de panique, ce n’est pas à votre chair qu’elle en a ! Enfin, pas en théorie…

Des entomologistes américains et danois ont mis au jour 18 nouvelles espèces d’une araignée à la morphologie étonnante : l’araignée-pélican (Archaeidae). Elle est dotée d’une pince allongée au niveau de la mâchoire qui rappelle un peu le bec du pélican, d’où son nom. Et quant à becqueter, la mignonne a des mœurs assez singulières puisqu’elle se nourrit uniquement de ses semblables qu’elle piège dans leur propre toile. Le plus curieux est qu’on a longtemps cru cette espèce disparue,

sur la foi d’un spécimen datant de 50 millions d’années retrouvé dans un morceau d’ambre de la mer Baltique en 1854. Ce fossile a d’abord donné à penser que l’araignée-pélican était éteinte depuis des millénaires, mais quelques décennies plus tard, des individus vivants – huit espèces au total – sont découverts à Madagascar, et sous une forme un peu différente dans les forêts australiennes et sud-africaines.

Discrète par sa taille – entre deux et huit millimètres de long -, la bestiole demeurait donc jusqu’à présent fort méconnue. Ce n’est plus le cas avec ces 18 nouvelles espèces découvertes d’un coup dans le Sud-Est malgache, et qui portent aujourd’hui à 26 les espèces répertoriées ! Selon Hannah Wood, instigatrice de ces découvertes et conservatrice au Smithsonian National Museum of Natural History de Washington, ces araignées sont très vieilles car elles existeraient à Madagascar depuis 180 millions d’années, c’est-à-dire à l’époque de la Pangée, au temps des dinosaures. Ses études prouvent également que ces spécimens malgaches ont des caractéristiques physiques différentes de celles que l’on retrouve en Afrique du Sud et en Australie. « Madagascar a connu divers changements géologiques et climatiques ce qui a permis à ses espèces de s’adapter. Celles d’Australie et d’Afrique du Sud sont plus uniformes car les changements environnementaux sont récents », explique la scientifique.

Malgré sa taille minuscule, l’araignée-pélican est une véritable tueuse, ne chassant que la nuit avec un goût prononcé pour ses semblables, les autres araignées. Tirant parti de son étrange anatomie, elle a mis au point une technique de chasse inédite. Alors qu’elle ne tisse pas elle-même, c’est grâce à la toile de ses proies qu’elle parvient à les capturer. Pour ce faire, elle la fait vibrer avec ses pattes, jusqu’à faire croire à sa future victime qu’un insecte vient de se faire piéger dans son réseau de fils de soie. La proie se dirige alors vers l’araignée-pélican qui n’a plus qu’à l’empaler à l’aide de sa pince buccale, tout en gardant une distance de sécurité pour éviter les contre-attaques. Elle n’a plus ensuite qu’à lui injecter un venin mortel et à engloutir en toute quiétude, ni vue ni connue, sa victime. Petits meurtres entre amis ?

© Photos : Hannah Wood

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