Anita Staelën : Visions malgaches à l’encre de Chine
12 novembre 2015 - Cousins-cousines DiasporaNo Comment   //   2946 Views   //   N°: 70

Si Anita Staelën, côté cour, porte l’histoire réunionnaise dans ses oeuvres à l’encre de Chine, elle reste côté jardin sous l’emprise de ses racines malgaches, à travers des visions qui guident son pinceau et sa plume.

Dans la case traditionnelle créole d’Anita Staelën, les oeuvres se chevauchent, s’empilent, s’affichent sur tous les supports qui deviennent des pièces uniques et artistiques. Elle exploite toutes les matières qui sont dans son environnement pour assouvir son besoin d’expression : draps de lit, portes, vêtements, nappes. Ses techniques ? La sculpture, la broderie, la gouache, l’encre de chine…. Guidée par les âmes de ses ancêtres qui l’envahissent,

esclaves réunionnais ou famille lointaine malgache, elle met en image pour les autres ce que son esprit lui dicte.

Anita Staelën a été repérée très jeune pour ses talents et envoyée à la bonne école, celle des beaux-arts du Port. Son initiateur de parcours artistique est Alain Séraphine, directeur de cette institution. Anita apprend tout, apprend vite, toutes les techniques. Créatrice de décors de dessin animé pendant un temps, elle forme des équipes entières à La Réunion, et refuse les offres qui lui sont faites en Métropole. Il s’agit pour elle avant tout de continuer à s’occuper de sa famille, à assurer sa fonction d’aidante comme beaucoup de personnes qui portent le fardeau d’un handicap dans la famille.

Puisque sa destinée doit être à La Réunion, elle va s’impliquer dans le tissu associatif culturel et cultuel de son environnement proche. Plusieurs articles sont consacrés ces dernières années à ses travaux de rénovation de reliques vieillissantes dans les lieux de culte réunionnais ; elles renaissent de leurs cendres sous le pinceau d’Anita. Elle continue également à animer des ateliers avec les enfants et les adultes, à produire et à exposer sur ses thématiques de prédilection : la vie quotidienne réunionnaise au XIXe siècle à partir d’un travail de reproduction des lithographies d’Antoine Roussin, un travail spécifique en peinture sur les femmes, des sculptures de têtes sans visages. Mais le véritable jardin secret d’Anita tourne autour de son histoire familiale. Grand-père Staelën, militaire français installé à Madagascar, a épousé une « indigène ». Papa Staelën rejoindra La Réunion pour créoliser la famille.

Les photos d’époque de ses ancêtres à Madagascar trônent à l’entrée de la case d’Anita, symbole de son souci permanent du rappel à l’histoire familiale. De ses quelques voyages à Madagascar, vécus comme de véritables parcours initiatiques, marqués par les famadihana, cérémonies de retournement de ses ancêtres, Anita imprime actuellement à l’encre de Chine ses souvenirs, ses visions d’une société qu’elle connaît peu mais qui continue à sublimer ses talents et sa cré ativité. Entre rêve et réalité.

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