Andry Raoelina : Papa pin’s
8 septembre 2015 - La modeNo Comment   //   2997 Views   //   N°: 68

Le pin’s (ou épinglette) est ce petit insigne en plastique ou en métal qu’on attache à la boutonnière en signe distinctif d’une appartenance ou pour commémorer un événement. Depuis dix ans, Andry Raoelina en fabrique pour le plus grand plaisir des philopinistes, ainsi appelle-t-on les fondus de pin’s. Vous, peut-être ? 

Ils ont connu leur âge d’or dans les années quatre-vingt et 90. Eux, ce sont les pin’s, ces petits badges qu’on accroche à la boutonnière en guise de décoration. Aujourd’hui encore, ils ont leurs fans, pour le plus grand bonheur d’Andry Raoelina qui en vit depuis plus de dix ans. « Quand j’étais plus jeune, j’avais toujours mes pin’s à l’effigie des Stones, d’Otis Redding ou du grand Jimi Hendrix, quel que soit le blouson que je portais. Je me sentais comme le plus beau gosse de la ville avec », se souvient-il. 

Quadragénaire, père de deux enfants, il est aujourd’hui l’un des rares artisans à fabriquer des pin’s à Madagascar.

Contrairement au badge « Peace and Love » des années soixante-dix qui s’accrochait à la boutonnière, le pin’s se fixe à la manière d’une broche à l’aide d’un pic qui traverse le tissu. C’est ce mode de fixation rapide qui a contribué à la popularité soudaine de ce petit accessoire qui était déjà porté par les pilotes d’avion lors de la Première Guerre mondiale (ce qui ne nous rajeunit pas). « Ce sont les pin’s du tournoi de Roland Garros qui ont lancé la mode en 1987, et quantité de marques commerciales ont suivi. Aujourd’hui le phénomène est retombé, mais les épinglettes ont toujours leurs fans. La preuve, j’en fabrique toujours ! » Si vous avez à passer à Questions pour un champion, sachez que ces passionnés de pin’s sont appelés philopins ou philopinistes.

Aujourd’hui, ce sont essentiellement les associations, les grandes sociétés commerciales et les institutions de l’État qui s’intéressent à communiquer via les pins’s. « En plastique, avec des formes pas toujours évidentes à reproduire, les pins’s sont plus difficiles à falsifier que les badges en carton imprimé, c’est pourquoi certains les préfèrent », explique Andry. Et de citer une loge maçonnique de Tana qui lui en a commandé 800 pièces, avec le symbole initiatique inscrit dessus. « À 10 000 Ar la pièce, c’était une bonne affaire », se réjouit l’artisan. Les épinglettes aux couleurs nationales que les autorités civiles et militaires portent sur elles sont pour lui un débouché de choix.

Les procédés de fabrication sont multiples. Pour sa part, Andry utilise le plastique qu’il découpe lui-même manuellement. « Les formes demandées ne sont pas toujours évidentes à réaliser à la machine. C’est véritablement de la sculpture parfois », souligne l’artisan, tout en abrasant à la main un pin’s pour une marque de bière locale. Après impression, il verse une très fine couche de résine dessus pour préserver l’image contre l’effet de la lumière et de l’humidité. De fait, les inscriptions ne partent pas même si l’on frotte fort dessus.

Andry Raoelina a d’abord travaillé pour une société de fabrication de goodies (stylos, porte-clefs, etc.) avant de se décider à se mettre à son propre compte. « Si les concurrents sont nombreux, je ne manque pas de boulot, les commandes arrivent régulièrement en grande quantité. » Sociétés et ministères lui en commandent des milliers à chaque fois, et à raison de 5 000 à 10 000 Ar la pièce, son pin’s quotidien est plus qu’assuré !

Papa Pin’s : 034 08 582 76

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