Ahmada Smis : Slameur cosmopolite
13 avril 2015 - Comores DiasporaNo Comment   //   2055 Views   //   N°: 63

Venu des milieux du rap marseillais, le chanteur francocomorien Ahmada Smis évolue aujourd’hui vers une musique très imprégnée des rythmes de l’océan Indien et de poésie urbaine. Il était au pays en février dernier avec son trio Origines.

Invité en février dernier à l’Urban Festival de Tananarive, festival de danse urbaine et contemporaine, le slameur franco-comorien Ahmada Smis se devait de venir avec Origines, son trio acoustique dont il est le principal chanteur. A ses côtés, Soubi, le maître du gambussi et du dzenzé, un instrument comorien cousin de la valiha, et Mohamed Issa Matona, un violoniste, membre d’un orchestre de taarab à Zanzibar. La particularité d’Origines est ce mélange des musiques traditionnelles comoriennes et de poésie urbaine contemporaine, à l’image même de l’histoire et de la personnalité d’Ahmada Smis.

Né en Grande Comore il y a 43 ans, son enfance a été nourrie par Mbaé Trambwé, le griot légendaire, et par le gnandu, la poésie traditionnelle de l’archipel. Puis il débarque à Marseille à 11 ans pour y retrouver ses parents : il y découvre une autre langue, le français, et une autre tradition, le hip-hop. Dans la mouvance de IAM, Carré rouge, Black Lions et autre B Vice, il fait notamment la rencontre de 3ème OEil, premier groupe comorien du rap marseillais. En 2002, tout en travaillant de jour dans un atelier de charpenterie métallique, il crée son propre label Colombe Records sous lequel il sort son premier disque Où va ce monde ?, suivi d’Etre en 2010 et d’Origines en novembre 2014.

Aujourd’hui, ses textes sont écrits en shikomori, la langue comorienne, dont le flow naturel n’est pas sans rappeler parfois le rap. Les thèmes sont souvent mordants, comme dans Guiri-hiri (littéralement, chaise têtue) où il stigmatise les dirigeants africains accrochés à leur pouvoir. « Je m’inspire beaucoup de l’héritage musical arabo-bantu de l’océan Indien. A un moment donné, je me suis rendu compte que je ne pourrai jamais exceller dans le hiphop comme un Américain. Il vaut donc mieux se concentrer sur sa culture. »

À travers ses spectacles, Ahmada Smis valorise aussi les instruments traditionnels de la région, comme le gambussi, le ngoma, l’oud et le dzenzé. Ce qui ne l’empêche pas d’introduire dans sa musique de la guitare acoustique ainsi que des rythmes africains et arabo-persans. Un métissage heureux.

#MoussafiriMourchidi

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