Afro-House : Trip tribal
4 août 2015 - CulturesNo Comment   //   1774 Views   //   N°: 67

L’Afro-House se distingue par sa double identité : africaine par les rythmes, labélisée House Music par ses figures aériennes. Partie d’Afrique du Sud il y a 10 ans, cette danse cartonne dans le monde entier et débarque à Madagascar, initiée par Robson Razafimahavaly. 

Initiateur de l’Afro-House à Madagascar, Robson Razafimahavaly dit Faly est convaincu que l’avenir de cette danse est tout tracé dans la Grande Île. Ne serait-ce que par l’air de famille qui se dégage de ses chorégraphies. Contrairement à la Tribal House apparue dans les années quatre-vingt-dix dans le sillage de la House Music, ici ce ne sont pas des DJ européens qui s’inspirent de chants traditionnels africains, mais bien d’artistes africains qui créent leurs propres figures, textes et musiques. Née en Afrique du Sud vers 2005, l’Afro-House est un dérivé de Kuduro et de Kwaito, ces rythmes de protestation des townships qui ont longtemps couvé sous l’Apartheid. Mais l’Afro House est nettement moins engagée que ses prédécesseurs, reflétant plutôt le désir festif de toute une génération (Sudaf Black Coffee, Oskida, Low Deep T) – à tel point que beaucoup  

de standards Afro-House sont de stricts instrumentaux, sans paroles. En une décennie, le style a essaimé un peu partout en Afrique, notamment en Angola où il a carrément fait exploser les dancefloors – on parle même d’Angolan House.

Adepte des « danses debout », notamment du Hip-hop par lequel il commence en 1998, Faly ne pouvait qu’être réceptif à cette forme d’expression curieusement absente de Madagascar. Pour avoir évolué dans de nombreuses compagnies locales ou internationales, il développe depuis toujours un esprit d’ouverture et de métissage, qu’il s’agisse de danse contemporaine, de trad-moderne, voire de théâtre avec le Norvégien Mortene Traviche. « Le point commun, c’est le corps comme instrument. C’est cette liberté d’expression qu’autorise la danse, le bonheur d’occuper l’espace. » En 2004, il fait la rencontre de Julie Iarisoa, chorégraphe et fondatrice de la Compagnie Anjorombala qui entend fusionner Hip-hop et danse contemporaine. Faly enchaîne alors les festivals et fonde en 2012 son propre groupe 3D (pour Dago-Daneur-Debout).

C’est un an plus tard qu’il découvre l’Afro-House grâce à sa rencontre avec le danseur chorégraphe Seibany Salif Traore, président du BboyBGirl Africa, une association oeuvrant pour le développement de la danse urbaine sur le continent noir. C’est le déclic ! « L’Afro-House est comme un retour aux sources. Chaque pas exprime une véritable connexion avec la terre, les éléments. » Aux rythmes de la House Music, l’Afro-House mélange instruments traditionnels et rythmes de la musique africaine populaire. « Au départ, c’était plutôt une danse de discothèques, un peu underground, mais aujourd’hui elle est enseignée dans les écoles de danse. Et c’est exactement ce que je veux faire à Mada. » Pari presque gagné, puisque le danseur a remporté le 7to Smoke Best of Best du Madabakar’t en 2014 et a été élu dans la foulée meilleur breaker boy de Madagascar. En 2015, son équipe a été élue championne de Madagascar au Festival AmbonyAmbany. L’Afro-House prend racines.

Robson Razafimahavaly (Afro-House) : 033 81 879 65

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