Afindrafindrao Danse ou rituel ?
24 mai 2016 - TraditionsNo Comment   //   5359 Views   //   N°: 77

Si au temps de la royauté, l’afrindrafindrao était le privilège des courtisans dans les palais, désormais, aucune cérémonie digne de ce nom à Madagascar, et dans les fêtes malgaches partout dans le monde, ne commence sans les pas entraînants de ce quadrille. 

Selon Roland Rakotovao, historien, « la plupart des musiques traditionnelles sont héritées de la royauté, période durant laquelle le pays s’est de plus en plus ouvert au monde extérieur. Les instruments utilisés à l’époque étaient surtout l’accordéon et l’harmonium. » Avant le XVe siècle, les razana (ancêtres) étaient censés acquérir une force supérieure lors de leur passage vers le monde des morts. Durant la royauté, les souverains avaient eux aussi un caractère sacré ; on leur prodiguait donc les mêmes rituels. La musique et les danses étaient avant tout un moyen d’honorer la grandeur du roi ou de la reine.

Au XIXe siècle, à l’arrivée des Occidentaux, les Malgaches ont assimilé leur civilisation tout en essayant de préserver leur culture. Lors des cérémonies telles que l’Alahamady be (Nouvel an malgache) et le sambasamba (salutation de la reine), les Européens avaient montré ce qui serait plus tard les pas emblématiques de l’afindrafindrao. Ce quadrille, qui se pratique en couple avec les pieds allant tantôt à gauche tantôt à droite, permet de faire une ronde à la queue leu leu. La danse est très simple et c’est ce qui a sûrement fait sa popularité à l’époque. Petit à petit, elle s’est vulgarisée et la noblesse de l’Imerina ne fut plus la seule à se dandiner sur sa musique. Une musique qui, selon des chercheurs, est issue du basesa, originaire de la région Betsimisaraka. Durant la colonisation, les amateurs de cette danse se sont faits discrets car la politique culturelle de l’époque était surtout axée sur l’expansion de la musique française et européenne en général.

Cependant, l’afindrafindrao n’en est pas morte pour autant. Juste après l’indépendance, toutes les ouvertures de cérémonie commençaient par cette ronde. Et pour ce qui est de sa version moderne, tous sont sommés (par les oncles, les tantes et les papys) de se lever et de se ruer sur la piste de danse dès le lancement de ses premières notes. Toutefois cette coutume musicale ne se pratique pas pendant les circoncisions, le famadihana (retournement des morts) et surtout pas les obsèques. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elle n’est pas prête de tomber dans les oubliettes car dorénavant il existe des versions beaucoup plus modernes de la chanson avec un rythme très entraînant. Et bien dansez maintenant !
 

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